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La Villa Cavrois de Robert Mallet-Stevens

A proximité du parc Barbieux, au niveau de la plaine de Beaumont, se trouve une superbe réalisation architecturale. La propriété vient d'intégrer le réseau mondial des Iconic Houses, qui rassemble les 200 édifices les plus importants en matière d’architecture dans le monde.




La Villa Cavrois, édifiée de 1929 à 1932 par l'architecte Robert Mallet-Stevens demeure une référence internationale dans l'histoire de l'architecture. Au sein du mouvement moderne, elle constitue un exemple singulier sur le rapport entre architecture et décor. Construite en béton, elle est entièrement recouverte d'un parement de briques jaunes de 26 modèles différents. 

Elle possède des équipements à la pointe de la modernité avec une sonorisation par TSF dans toutes les pièces, des horloges synchronisées et un système complet de téléphonie. La villa possède une salle de cinéma, une station service, une bagagerie, etc. Elle devait répondre à un programme dans l'air du temps : " air, lumière, travail, sport, hygiène, confort et économie ". En fait de villa, c'était une sorte de palais de près de 2 500 m2, pour lequel l'architecte imagina une impeccable sobriété du décor et une organisation de l'espace stricte : d'un côté, les appartements des parents et les pièces de réception, de l'autre, les pièces réservées aux domestiques et aux enfants.


En 1986, après la mort de Madame Cavrois, la villa est cédée à une société civile immobilière qui projette le lotissement du parc. Après une instance de classement prononcée le 9 décembre de la même année, un classement d'office est décrété en 1990.

Des désaccords entre l'État et le nouveau propriétaire promoteur Jean-Pierre Willot, sur le devenir de la villa et sur le parti de restauration à choisir, conduit à un affrontement juridique. Pendant ce temps, le travail de dégradation réduit la villa à un état proche de la ruine : abandonnée, elle est offerte au vandalisme, au pillage et le béton présente de graves signes d'altération. En 1998,les coûts de restauration sont estimés à 38,5 millions de francs. A partir de 1990, l'État finira par entreprendre, dans l'urgence et à ses frais, des travaux minimum de sauvetage.

Un accord interviendra avec les propriétaires en échange d'une partie du terrain. La superficie du parc de la Villa Cavrois sera amputée notamment du potager qui sera loti de 5 habitations.

L'association de sauvegarde (ASVC) qui mènera parallèlement des actions de sensibilisation auprès de l'administration et du public, afin que l'amnésie ne recouvre pas le sort de cette œuvre remarquable de l'architecture du XXe siècle, se voit récompensée de ses efforts avec une ouverture au public annoncée pour 2015. La Villa Cavrois faisant désormais partie des 100 Monuments Nationaux.



Les photographies ci-dessous (© Guy Selosse, Alain Cadet et Jacques Desbarbieux - Association Eugénies / ASVC) ont été prises en septembre 2013, lors d'une ouverture temporaire à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine, ainsi que lors d'une visite privée réservée aux adhérents en compagnie de l'administrateur Monsieur Paul-Hervé Parsy.


Les extérieurs et le parc



La partie ouest de la façade nord de la Villa Cavrois à Croix, quartier de Beaumont. A droite l'entrée des domestiques et à gauche l'entrée secondaire des enfants.



La belle citation de Robert Mallet-Stevens en 1934 en hommage à Mr et Mme Paul Cavrois. " A Madame et Monsieur Cavrois qui m'ont permis, grâce à leur clairvoyance, leur mépris de la routine, et leur enthousiasme, de réaliser cette demeure. Avec toute ma gratitude et la fidélité de mon amitié. "
Les cinq containers noirs  installés pour les Journées Européennes du Patrimoine devraient disparaître lorsque la billetterie et la librairie trouveront place en 2015 dans le pavillon d'accueil à la place de la maison du gardien.


L'allée circulaire, comme il a été convenu de l'appeler, lors de la visite effectuée avec les adhérents le vendredi 13 septembre 2013, suite à la suggestion d'une adhérente.


Le pavillon du gardien qui deviendra la zone d'accueil en 2015, qui nécessite d'être désamienté.



Vue depuis la terrasse pergola sur l'entrée principale et l'allée circulaire.



Vues sur la piscine et le parc depuis la terrasse pergola



Le côté est de la Villa Cavrois, avec la piscine. Vue depuis la rampe d'accès à la remise garage. 


Vue vers le pavillon du concierge depuis l'entrée secondaire des enfants. Une rampe d'accès pour handicapé, visible au premier plan, a été ajoutée.


La façade ouest de la Villa Cavrois, au sous-sol les fenêtres de la lingerie (avec le séchoir et la repasseuse), au rez-de chaussée les quatre ouvertures des chambres du personnel et de leur salle de bains.


La terrasse du côté est avec sa porte d'accès. Vue prise depuis la lingerie du premier étage. Par cette terrasse il était possible d'accéder à la zone réservée aux parents (chambre et salle de bains).


Les balconnières possèdent un système d'évacuation de trop plein des eaux pluviales ou d'arrosage.


L'escalier hélicoïdal menant directement de la salle à manger des enfants au parc et au passage vers la piscine et les garnis (les 3 salles de déshabillage).


Vue vers le parc depuis l'escalier hélicoïdal


La zone d'accès pour l'entrée du personnel de maison sur la droite de l'entrée principale.





L'entrée principale de la villa



L'entrée, véritable décor de cinéma, comme ceux que fera Robert Mallet-Stevens pour le film Vertige de Marcel Lherbier en 1926. Au centre les deux portes constitue un écran noir avec de chaque côté des boîtes de lumière. Derrière l'écran un spectacle splendide vous attend.


Le vestibule de l'entrée


Les luminaires sont dus à Le Chevalier. Trois sur quatre sont des originaux.


Les boîtes à lumière de l'entrée encadrant la double porte, qui constitue l'écran noir d'un cinéma. En ouvrant ce double battant on découvre un magnifique décor. On sait que Mallet-Stevens a réalisé une vingtaine de décors de cinéma dont ceux de Vertige de Marcel Lherbier en 1926.


Sur la partie gauche du vestibule de l'entrée (vers l'est) on accède aux étages par un escalier de marbre ou par l'ascenseur du à Jean Prouvé.




Dans le hall d'entrée, le Docteur Jean-Pierre May, président de l'association de sauvegarde de la villa Cavrois en discussion avec une responsable du Centre des Monuments Nationaux et le Docteur Jacques Desbarbieux de l'association Eugénies, créée pour valoriser le patrimoine architectural dont celui de Gabriel Pagnerre, ami de Rob Mallet-Stevens et Le Corbusier.



Le hall et salon (coin cheminée)


Vue plongeante sur le salon à partir de la mezzanine située 6 mètres plus haut. A travers la baie vitrée on distingue le miroir d'eau.




Le coin cheminée située sur la gauche en entrant dans cette pièce. A la droite de la cheminée la porte d'accès au fumoir (en cour de restauration) et à la gauche de cet âtre la porte d'accès à la salle d'attente du bureau.



Monsieur Paul-Hervé Parsy, administrateur du Centre des Monuments Nationaux, lors d'une visite pour les adhérents de l'association de sauvegarde de la Villa Cavrois, devant le coin du feu en marbre jaune de Sienne. Ci-dessous Madame Stevens et le Docteur Jean-Pierre May lors d'autres visites.




Le Docteur Jacques Desbarbieux de l'association Eugénies et ASVC lors d'une visite commentée en compagnie du peintre Abel Leblanc.



Les meubles en noyer attachés au mur ont du être reproduits à l'identique. La parquet dit parquet Noël a pu être restauré à 98 % d'après l'original par la maison Noël elle-même qui est revenue 80 ans après !


Au dessus du coin feu, un hublot d'éclairage indirect du à André Salomon. Cet ingénieur électricien avait conçu l'ensemble du système d'éclairage de cette villa.


Face au coin feu, on accède à la salle à manger des parents par une porte qui se ferme avec une cloison mobile. Au dessus de cette ouverture on remarque une des trois baffles de haut parleur qui diffusait la TSF.


Les radiateurs en fonte noir sont entourés d'une menuiserie en aluminium qui s'inspire du décor industriel.






La salle à manger des parents



La salle à manger des parents est en marbre vert de Suède et les meubles fixes en poirier verni. Un immense miroir permettait aux convives faisant dos au parc d'avoir néanmoins la vue de celui-ci.




Au plafond un système d'éclairage en trois parties dont l'intensité pouvait être modulée en fonction de la longueur de la table. Du à André Salomon ce luminaire a pu être restauré à l'identique avec un pilotage par rhéostat comme le montre ici Monsieur Paul-Hervé Parsy, administrateur de la Villa Cavrois, au titre du Centre des Monuments Nationaux.




Lors de son ouverture exceptionnelle, en avant première, à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine, en septembre 2013, la Villa Cavrois a connu une affluence exceptionnelle. Plus de 20 000 personnes ont pu y pénétrer alors que le Centre des Monuments Nationaux ne prévoyait que 35 000 visiteurs en année pleine à partir de 2015, lorsque la totalité de la villa sera réhabilitée. Parmi ceux-ci de gauche à droite : Alain Cadet (association Eugénies, réalisateur et journaliste à La Voix du Nord), Abel Leblanc (peintre qui a joué au bridge dans cette maison avec Madelon Cavrois), Violette Bouquet et Madame Christine Jouret-Six descendante de la famille Cavrois ... qui s'est mariée dans cette demeure, et qui a pu nous faire partager ses souvenirs avec beaucoup d'émotion.


Parmi les nombreuses rencontres que nous avons pu faire alors que nous faisions des visites commentées, à l'occasion de l'ouverture exceptionnelle en septembre 2013, celle d'un chauffeur de Madame Cavrois, qui habite toujours Croix, photographié devant le coin cheminée.




L'escalier










Le maire de Croix admire le point de vue sur le parc, de cette villa qui fait partie avec bonheur du patrimoine local au même titre que la Chapelle Sainte Thérèse toute proche.


L'ascenseur


L'ascenseur de Jean Prouvé


La pergola  



Le Docteur Jacques Ferla, trésorier de l'association de sauvegarde de la Villa Cavrois, avec le maire de Croix découvrent les bignognes en fleurs sur la pergola.



La lingerie




Détails














Le miroir d'eau et la façade sud










La façade sud


L'escalier hélicoïdal permettait aux enfants d'aller directement dans le jardin à partir de la salle à manger qui leur était réservée.











La piscine



D'une longueur de 27 mètres avec deux plongeoirs à l'ouest et un plongeoir à l'est, la piscine extérieure était chauffée par l'immense chaudière situait au sous-sol et qui fonctionnait au mazout. La profondeur de la piscine ne correspond plus à la réalité car elle a du être comblée pour des raisons de sécurité.














Le garage et son accès




Les terrasses






Madame Christine Jouret-Six, petite fille de Monsieur et Madame Paul et Lucie Cavrois évoque ses souvenirs en compagnie de Jacques Desbarbieux de l'association Eugénies / ASVC sur la terrasse sud est, avec chacun en main le livre réédité " Une demeure 1934 ".



Le belvédère


C'est de ce belvédère, situé au sommet de la villa, que Pierre Cavrois venait admirer les lointains, comme d'une timonerie sur ce qui représentait en quelque sorte son navire. Dans cette pièce il avait d'ailleurs disposé tout un matériel de marine avec notamment des sextants.


Ci-dessous quelques plans et vues d'archives









Voici ce qu'écrivait Youenn Martin dans Nord Eclair en septembre 2011 :


Depuis 2004, c'est un chantier que visitent les amoureux du patrimoine chaque troisième week-end de septembre. Durant deux jours, une parenthèse s'ouvre sur la villa Cavrois, chef-d'œuvre de l'architecte moderniste Robert Mallet-Stevens. Puis se referme pour laisser œuvrer les entreprises chargées de redonner à cette belle endormie la fraîcheur de sa jeunesse.


Au moins dix ans de chantier.
Commandée par l'industriel roubaisien Paul Cavrois, la villa a été érigée de 1929 à 1932 dans le prestigieux quartier de Beaumont, à Croix. Réquisitionnée par la Wehrmacht durant la guerre, elle est restée habitée par la famille Cavrois jusqu'en 1986. Elle est ensuite restée livrée à elle-même jusqu'en 2001, jusqu'à ce que l'État prenne les choses en charge sous la pression d'amoureux du patrimoine. L'ambition de la Drac (direction régionale des affaires culturelles) en charge de la réhabilitation : redonner à la villa son aspect d'origine. « La villa est une œuvre totale », rappellent les connaisseurs. Depuis 2004, donc, la Drac rénove le clos et le couvert. Cette partie-là est quasiment achevée. En 2008, le Centre des monuments nationaux (CMN) est entré en jeu à son tour pour terminer les travaux et gérer le lieu. Jean-Christophe Simon, directeur de la maîtrise d'ouvrage du CMN, confirme l'ouverture au public pour 2012, à l'automne. D'ici là, les travaux vont se concentrer sur le parc et l'intérieur de la partie centrale de la villa. « On va replanter, traiter les allées en prenant en compte l'accessibilité pour les handicapés, reposer l'éclairage, recréer le grand miroir d'eau », précise Jean-Christophe Simon. Par ailleurs, le ministère de la Culture a réussi à racheter un petit terrain en friches pour aménager une aire de stationnement pour les visiteurs. Dans la villa elle-même, le CMN va s'occuper des finitions. La demeure des Cavrois va retrouver ses miroirs, son marbre, ses revêtements de sol...  « Tout ce qui fait la richesse d'une œuvre complète », souligne Jean-Christophe Simon. Dans cette optique, certains anciens meubles comme ceux du boudoir ont été achetés aux enchères. C'est d'abord le corps central de « ce château moderne » qui va retrouver son lustre d'antan pour accueillir des visiteurs en 2012. Ensuite, il est prévu chaque année une nouvelle tranche de travaux : d'abord l'aile est, puis l'aile ouest, le pavillon du gardien et le sous-sol. Le coût total estimé pour le CMN est toujours de 10 millions d'euros. « Ce sera d'abord un monument à visiter pour montrer ce qu'était cette villa, mais aussi un lieu vivant, proposant d'autres activités » , précise le directeur de la maîtrise d'ouvrage. La réflexion est en cours pour définir clairement le projet, elle sera étayée par une étude de marché. L'idée d'y trouver un restaurant est dans l'air du temps. L'entrée sera payante. Les droits d'entrée sont essentiels au fonctionnement du Centre des monuments nationaux.


Vues extérieures



Trois vues aériennes de la Villa Cavrois en 1932.



En 1932 lors de la création de la villa Cavrois il n'y avait pas de voisinage ... et le parc était entouré de champs.



















En 1939 la Villa Cavrois apparaît pour la première fois photographiée en couleur dans l'Illustration.



Vues intérieures


Le vestibule de l'entrée avec les boîtes à lumière, mais les appliques de Le Chevalier sont absentes dur la photo du haut.






Le hall salon, photographié en 1932, avec la vue sur le jardin et la salle à manger des parents (photo du haut) et la vue vers la porte d'entrée et le coin cheminée (photo du bas). Remarquez la hauteur réelle de la balustrade de la mezzanine qui a été modifiée lors de la restauration en raison des normes de sécurité.




Le coin cheminée du hall salon de la Villa Cavrois


Le hall salon photographié en 1986 avec le plafond surbaissé par l'architecte Barbe après le décès de Robert Mallet-Stevens en 1945. Remarquez le mobilier identique sur les vues à plus de cinquante années d'écart.


Une reconstitution en trois dimensions du hall salon et du coin cheminée de la Villa Cavrois par les infographistes de l'école pôle 3D de Roubaix.


La salle à manger des parents, photographiée en 1932, avec la table dessinée par Robert Mallet-Stevens. Ci-dessus vue vers l'est, ci-dessous vue en sens opposé vers le grand hall salon. On distingue au plafond le luminaire avec le système d'éclairage à rhéostat de l'ingénieur électricien André Salomon.






La salle à manger des enfants, contiguë à celle des parents, avec sa superbe fresque et son mobilier en zingana, photographiée en 1932 (3 vues différentes). Remarquez la pendule au mur qui était synchronisée avec les autres.


Le bas relief décoratif des sculpteurs Jan et Joël Martel qui représente différents jeux et activités de loisirs : tourne disque, cartes et fléchettes, raquette de tennis, quilles, cible, damier, fusil, gants de boxe, maillet et boules pour le polo et le croquet, cross de hockey, ballon, grue et caméra ?



Chaque salle d'études est en chêne cérusé, l'une blanc et gris et l'autre blanc et vert. Les murs sont gris pâle pour l'une et vert pâle pour l'autre. Les sols sont en granito gris.


Le bureau de Paul Cavrois. On y accédait par le fumoir ou par une petite pièce d'attente donnant elle-même sur le hall salon ou le vestibule. Ce bureau était en fait partagé par Mr et Mme Paul et Lucie Cavrois. Les meubles et les boiseries sont en poirier naturel verni. Sur le tapis de couleur havane sont disposés les sièges recouverts de peau de porc beige. Les rideaux sont en reps de soie brune.



La cuisine avec son sol de carrelage noir et blanc due à Mallet-Stevens, assez fidèle au dessin initial.



La cuisine et l'office ont des murs en faïence blanche de la maison Barthels rue Fleurus à Lille. Les meubles sont en acier émaillé blanc. Le sol est en grès cérame blanc et noir.



La chambre des parents avec son mobilier en bois de palmier en 1932 (4 vues différentes ci-dessus et ci-dessous).





La chambre de jeune homme, les trois photographies en noir et blanc ne restituent absolument pas l'ambiance très colorée de cette pièce. Les murs, boiseries et meubles polychromes en noir, rouge, bleu, marron et blanc. Le tapis est marron et le plafond noir verni.





Le boudoir de Madame Cavrois en sycomore, photographié en 1932 et 1986 (4 vues différentes). Plusieurs meubles ont été acquis dans une vente par le Centre des Monuments Nationaux, actuellement stockés plaine St Denis, ils pourront être présentés au public lors de l'ouverture complète de la Villa Cavrois au premier semestre 2015.





Le fumoir situé entre le hall salon et le bureau, 3 vues différentes dont deux en couleur faites en 1986 (ci-dessus et ci-dessous). Le sol, les murs, le plafond sont en acajou de Cuba naturel ciré. Les sièges sont recouverts de cuir vermillon. Les parties métalliques sont en cuivre chromé. 







La salle de bains des parents en 1932 (4 vues différentes) avec son pèse personne fixé dans le mur de la cabine de douche ronde en mosaïque. Ci-dessous deux autres salles de bains, la maison en comportait 7 au total dont une réservée au personnel.



L'immense salle de jeux des enfants se situait au deuxième et dernier étage, elle fut transformée après 1945 en salon par l'architecte Barbe. Les murs sont en toile cirée rouge, le sol mosaïque en chêne et les parties métalliques en aluminium. La partie surélevée peur servir de scène avec une balustrade escamotable au centre. Au premier plan un train électrique trois voies.




L'escalier et à gauche de la photo l'ascenseur de Jean Prouvé.


Ci-dessus, la chambre de la gouvernante. On retrouve le parquet Noël du grand hall salon. Les murs sont en rouge très pâle. Les meubles et les boiseries en chêne verni rougi. Les rideaux, le dessus de lit et les sièges sont en toile rouge et blanche. Ci-dessous une chambre de jeunes filles. Les murs sont en bleu très pâle. Le sol également en parquet Noël. Les meubles et les boiseries en chêne verni bleuté. Les rideaux, les dessus de lit et sièges sont en toile citron et blanc.


La chambre des jeunes garçons, ci-dessous, possède également le même sol en parquet Noël. Les murs sont jaune citron pâle. Les meubles et les boiseries en chêne verni jauni. Les rideaux, dessus de lit et sièges sont en toile blanche.



La chambre de jeune homme, avec 2 vues différentes, elle a des murs peints dans différents tons de jaune. Les boiseries et les meubles sont en chêne cérusé noir et blanc. Le tapis est gris. Les tissus sont en toile à carreaux jaunes.




Le mobilier de la Villa Cavrois



On sait que malheureusement la totalité du mobilier de la Villa Cavrois a été dispersé lors de sa vente en 1986 suite au décès de Madame Cavrois. Quelques meubles ont pu être acquis et vont donc retrouver leur emplacement d'origine. Il s'agit des éléments du boudoir, comme cette coiffeuse et cette boîte à couture en sycomore ou ces fauteuils dessinés par Robert Mallet-Stevens.




La table de la salle à manger des enfants ainsi que des chaises se trouvent actuellement dans une collection particulière. On peut espérer qu'une dation ou une préemption lors d'une vente permettront à ces éléments de retrouver leur cadre d'origine.



De même pour ces fauteuils et cette table en bois de palmier qui ornaient la chambre à coucher des parents.



Cette petite table très colorée se trouvait dans la chambre du jeune homme.


Ces chaises et cette table tubulaire étaient destinées à la terrasse.



Ci-dessous un tabouret de salle de bains de la Villa Cavrois



La villa vandalisée, saccagée et abandonnée


Nous avons eu l'occasion de photographier cette maison alors qu'elle subissait les assauts des vandales et de la nature. Faut-il montrer les dégâts provoqués par des voyous irresponsables ? Le débat a tourné à l'absurde quand on pense que certains ont défendu dans le projet de réhabilitation de conserver quelques traces de tags et autres dégradations ! Qui peut vraiment parler d'œuvre dans ce qui n'est que de la bêtise ... ?
Toutefois cette destruction ne date pas seulement de la période qui suivit la vente de la propriété à une société immobilière qui projetait d'y faire des lotissements. En effet l'armée allemande y laissa des traces de son passage saccageur durant les années 1940 à 1944, comme on peut le constater sur les trois photos suivantes. C'est ainsi que le miroir d'eau du parc fut supprimé car étant trop repérable par l'aviation alliée et que des canons anti DCA furent installés sur les terrasses et le belvédère, qui fut muré.


Le bureau de Paul Cavrois à la libération.


La salle de bains des parents après le passage de la Wermacht.


Dans la Villa Cavrois, la salle de jeux des enfants, à la fin de la deuxième guerre mondiale, dévoile la triste image d'un monde absurde bien éloigné de l'innocence de l'enfant et de ses jeux.


Il faut imaginer les jeux d'enfants dans cette piscine (ci-dessus) et dans cette immense salle de jouets (ci-dessous). Les photographies ci-dessous ont été prises après la vente de la propriété.


La salle de jeux des enfants livrée aux intempéries. Les vitres sont cassées, les radiateurs arrachés et des tags commencent à apparaître. La maison n'est plus chauffée, les tuyaux de descente d'eau en fonte des terrasses sont brisés, tout cela constitue les conditions idéales du développement d'un champignon ravageur : le mérule. Aucune boiserie ne résistera.



La végétation commence à envahir la Villa Cavrois, des arbres développent leur racines dans les murs et les terrasses. La maladie du béton aggrave les dégâts avec le décollement des revêtements en briques.



Fin 2013, la facture de remise en état s'élevait à 23 000 €uros ! La restauration allait donner du travail à de nombreux artisans. Des techniques nouvelles furent développées, inconnues bien entendu de Robert Mallet-Stevens, mais que son esprit avant gardiste n'aurait pas dédaigné. Les vitrages sont en verre Sécurit collé avec une colle spéciale pour pare-brise, les étanchéités refaites avec des nouveaux procédés, les réseaux de chauffage et d'électricité pouvaient être mis aux normes car dissimulés à la vue.

La rénovation trouve toutefois des limites avec l'obligation de mise aux normes et notamment pour les handicapés. C'est ainsi que la mezzanine a vu son mur surélevé, l'ascenseur de Jean Prouvé agrandi, une rampe d'accès apposée sur la façade nord, des extincteurs signalés par de remarquables logos rouges et blancs, la piscine et le miroir d'eau sont désormais sans profondeur, etc ... L'étonnement maximum se découvrant dans les toilettes dont une partie est restaurée selon l'état de 1932 avec d'autres éléments de 2013 !


Les photos ci-dessous montrent le chantier qui subsiste en septembre 2013 pour rendre à cette villa son aspect d'antan. Les deux tranches de travaux réunies en une seule devrait permettre d'ouvrir cette villa au public en totalité au premier semestre 2015.


La cuisine






L'office



Une des chambres du personnel dans la partie ouest


Au sous-sol la machine à repasser


Le séchoir au sous-sol




Le bureau


Le fumoir


Le garage remise


Une des deux salles d'étude qui avait été transformée en 1945


La salle à manger des enfants


Le monte plats


L'escalier de service


Mons-en-Barœul et Croix : 
Quand Violette et Abel, le peintre-tubiste, retournent à la villa Cavrois

Publié dans La Voix du Nord le dimanche 29 septembre 2013 par Alain Cadet.



La villa Cavrois, une référence internationale dans le domaine de l’architecture, a été ouverte au public, pendant 15 jours, à l’occasion des Journées du patrimoine. Le succès rencontré a dépassé toutes les espérances. 21 000 visiteurs ont fait le voyage à Croix. Certains sont venus en voisins comme Violette et Abel.


Violette Bouquet est le coach d’Abel Leblanc, lequel va vers ses 95 ans. Ils sont tous deux très connus à la Brigade des Tubes, la fanfare monsoise. Violette est aux percussions tandis qu’Abel joue du saxo ! Abel, le doyen, par son dynamisme, est un exemple pour les jeunes musiciens. Il est la mascotte du groupe mais, comme peintre, il est encore bien plus célèbre. Le musée de la Piscine, il y a peu, lui a consacré une exposition complète.

La visite de la villa, une sorte de pèlerinage

Pour Violette et Abel, cette visite à la villa Cavrois est une sorte de pèlerinage. Ils l’ont bien connue, du temps où elle était habitée par la famille. Les parents de Violette vendaient des chemises de grand luxe. « Je venais souvent ici pour livrer mes chemises et mes caleçons à M. et Mme Cavrois, témoigne Violette. C’était souvent du sur-mesure. J’ai toujours été très bien reçue dans cette maison. Je faisais régulièrement ma tournée dans ce quartier car nous y avions beaucoup de clients et notamment Jean-Pierre Willot qui était le voisin. »

Abel Leblanc fréquentait aussi le lieu, mais pour d’autres motifs. Avec sa femme Gisèle, ils jouaient au bridge. « Je suis venu bien souvent ici, se souvient Abel. C’était après la guerre. Mme Cavrois, une redoutable joueuse, était très drôle. La maison était en moins bon état qu’aujourd’hui. Ce qui me frappe, en la redécouvrant, c’est qu’elle est beaucoup plus grande, beaucoup plus majestueuse que dans mon souvenir. C’est presque un palais. Elle est magnifique ! Pourtant, à l’époque, beaucoup de gens du coin la décriaient. Ils l’appelaient le pot de moutarde. C’est sans doute parce que son architecture, très moderne, était en rupture avec les demeures des autres industriels de la région. »



Quand la visite commence, Violette et Abel ont la surprise de constater que leurs guides, Jacques Desbarbieux et Guy Selosse sont des Monsois de l’association Eugénies, également membres de l’association de sauvegarde de la Villa Cavrois. « Cette villa est sans doute la plus belle réalisation de l’architecte Robert Mallet Stevens, explique Jacques Desbarbieux. Mallet Stevens était aussi décorateur de cinéma. Il a dessiné plus de vingt décors dont celui du Vertige de Marcel l’Herbier. La salle où nous nous trouvons est conçue sur le modèle d’une salle de projection, fermée à l’arrière, avec ses immenses vitres donnant sur le parc, comme un immense écran. ».



Une visite guidée par la petite-fille des Cavrois

Au fil de la visite, Violette et Abel retrouvent un autre guide de l’association, Christine Jouret-Six, la petite fille de Paul et Lucie Cavrois. « Je suis comme vous, je redécouvre ce lieu, leur confie-t-elle. Il est identique à ce qu’il était le 6 juillet 1932, lorsque mes grands-parents y ont emménagé. J’y ai passé une bonne partie de mon enfance. Je m’y suis mariée. La villa était découpée en plusieurs appartements qu’occupaient divers membres de la famille. Aujourd’hui, elle a retrouvé son lustre d’antan. La faire visiter est pour moi un bonheur absolu. »


Le dimanche 29 septembre 2013, la villa a fermé ses portes en attendant une ouverture au public, en 2015.